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5 millions de morts par an : faut-il interdire le tabac ?
Y a-t-il une hiérarchie dans les scandales de santé publique et est-ce le nombre de morts qui fait l’ampleur du scandale ? C’est ce qu’affirme la médecin et journaliste Martine Perez dans son livre paru le 15 mai « Interdire le tabac, l’urgence ».
Couverture de « Interdire le tabac, l’urgence »
La rédactrice en chef des pages santé du Figaro y prône une prohibition du tabac, une idée déjà suggérée par Jacques Attali. Le principal argument : c’est le fléau le plus mortel de l’époque, et toutes les politiques actuelles sont inefficaces à le vaincre.
Le tabac tue 5 millions de personnes dans le monde chaque année, dont 60 000 en France, soit « le crash d’un avion de ligne sur notre territoire chaque jour ». Il a fait « 100 millions de morts au XXe siècle », plus que le sida et le paludisme réunis, et « pourrait faire 1 milliard de morts au XXIe siècle ». Rien que ça !
A côté du tabac, les récents scandales sanitaires seraient d’une gravité toute relative :
Ce qui pointe derrière cet agacement pour le succès médiatique de ces causes, c’est une attaque du « principe de précaution ». Grâce à ce dernier, inscrit dans la constitution en 2005, des produits susceptibles de présenter un danger pour la santé humaine peuvent être retirés du marché. Alors, comment comprendre que le tabac, à la dangerosité avérée, soit autorisé ?
Les fumeurs peuvent plaider leur droit à s’intoxiquer librement, d’autant qu’il est indiqué en gros sur les paquets de cigarette que « Fumer tue ». Martine Perez prétend que les fumeurs ne sont pas libres au nom du « pouvoir hypnotique et chimique du tabac, [qui] transforme une soi-disant liberté en dépendance ». Or le tabac n’a pas plus de pouvoir hypnotique que tout produit addictif.
Le livre a le mérite de souligner que « le tabagisme est de plus en plus une addiction des pauvres dans les pays occidentaux et une addiction des pays pauvres ».
Le scandale de santé publique se double d’un scandale social : la hausse des prix du tabac a eu pour conséquence de faire plus fumer les pauvres et moins les riches. Le taux de fumeurs atteint 29% chez les cadres et professions intellectuelles supérieures en 2008 (contre 36% en 2000), mais 49% chez les chômeurs (contre 44% en 2000).
Interdire le tabac dans un horizon de dix ans est réaliste, selon Martine Perez. Des pays comme la Finlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont pris le chemin de l’éradication avec deux angles d’attaques efficaces :
L’auteur voudrait aussi interdire de fumer aux femmes enceintes, dans une voiture ou chez soi si un mineur s’y trouve. La prohibition totale, telle qu’elle fut appliquée à l’alcool aux Etats-Unis de 1919 à 1933 s’est soldée par un échec : non seulement le nombre de morts lié à l’alcoolisme a monté – les consommateurs s’étaient rabattus sur des produits plus forts, mais en plus l’Etat s’est trouvé confronté à une recrudescence de la délinquance liée au marché noir.
D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé a choisi de ne pas suivre cette voie : la convention-cadre pour la lutte antitabac, adoptée en 2005, premier traité sur le sujet, prône une réduction de l’offre et de la demande mais exclut toute interdiction, jugée inefficace dans un contexte de mondialisation.
Chez les scientifiques, l’interdiction n’est pas jugée réaliste, comme l’indique une étude du British Medical Bulletin de 2006, intitulée « Tobacco control : present and future », qui conclut :
« Il sera malheureusement difficile de limiter le nombre de morts liés au tabac à 5 milions par an. »
La principale piste suggérée par les auteurs est un changement de législation qui rendrait l’industrie du tabac responsable des décès et l’obligerait à en payer les conséquences. C’est déjà un peu le cas puisque par le Master Settlement Agreement, signé aux Etats-Unis en 1998, les majors du tabac se sont engagées à payer 246 milliards de dollars sur vingt-cinq ans. Autrement dit, à participer au financement de ses méfaits.
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