Un morceau de banquise antarctique, équivalent à près de quatre fois la ville de Paris, a commencé à se désintégrer. Selon le centre national de la neige et de la glace de l'Université du Colorado (NSIDC), la rapidité du réchauffement climatique est à l'origine de cette désintégration. Les images satellite montre que le détachement porte déjà sur un pan de glace de 414 km2, faisant partie du plateau Wilkins, dont la superficie totale est de 12.950 km2.
Tout a commencé le 28 février par le soudain décrochage d'un iceberg de 25,5 km de long sur 2,4 km de large. Ce mouvement a déclenché la désintégration d'un bloc de 569 km2 du plateau Wilkins, dont 414 km2 ont déjà disparu.
Perturbation de l'écosystème
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Si l'ampleur du phénomène impressionne, il ne surprend pas les scientifiques qui s'attendent à ce type d'évolution."Cela fait déjà plusieurs années que cela arrive et on peut penser que ça se reproduira. En 2002, déjà, un morceau gros comme la Corse s'était mis à dériver" a expliqué Françoise Vimeux, chargée de recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement à LCI.fr
La péninsule Antarctique a enregistré les plus fortes augmentations de température au cours des cinquante dernières années, avec en moyenne une augmentation de 0,5 degré Celsius tous les 10 ans. La désintégration de parties de banquise, comme le détachement de petits icebergs témoignent de cette hausse des températures.
Selon les experts, le réchauffement de cette région du globe ne sera pas sans conséquences. Pour Françoise Vimeux, il y a un risque de perturbation de l'écosystème. La fonte de la glace modifie totalement les conditions de vie des organismes vivants et l'ensemble de la chaîne alimentaire peut être touchée.
Evolution inéluctable
Autre problème, si les icebergs se mettent à fondre, l'eau douce qu'ils contiennent vient se mêler à l'eau salée de l'océan. Dès lors les courants océaniques qui régulent en partie la température sur l'ensemble de la planète se trouvent changés. Les températures peuvent par conséquent se mettre à baisser ou à augmenter selon les endroits.
La spécialiste souligne également, un autre risque, plus marginal, celui de "perturber la circulation des navires" dans la zone, même si celle-ci "reste peu fréquentée".
"Nous avons déjà émis tellement de gaz à effet de serre que cette évolution est inéluctable, déplore Françoise Vimeux. Mais si l'on fait des efforts aujourd'hui pour les diminuer, on peut espérer limiter les variations dans le futur."
«Un géant se réveille»
Cette situation pourrait toutefois se dégrader. Chris Rapley, directeur du British Antarctic Survey, vient de comparer l'Antarctique à «un géant qui se réveille». Et le géant pourrait à terme se faire menaçant. Dominique Bourg, professeur à l'Université de Lausanne, précise. «Le groupe des experts du GIEC a planché sur deux scénarios. Le premier avec une fonte très lente, l'autre qui s'apparente à une débâcle, avec des blocs entiers qui se détachent de l'Antarctique et du Groenland. Il semble bien que l'on s'oriente vers ce deuxième scénario, avec une montée des eaux de 1 à 5 mètres d'ici à la fin du siècle. C'est dramatique. Pensons simplement aux flux migrateurs que cette montée des eaux va impliquer!»
Cet avis est à mettre en relation avec une étude présentée récemment par Jason A. Lowe lors de la Conférence sur les changements climatiques d'Exeter, qui rappelait que la disparition des glaces du Groenland provoquerait à elles seules une élévation de 7 mètres du niveau des mers. Ce qui conduirait à menacer des grandes métropoles comme Londres, New York ou Shanghai. Sans parler de Venise.
Source :
tf1.lci.fr
24heures.ch